La chapelle Saint Joseph du Poulmic


Fondée par Anne de Goulaine* en 1620

Cette chapelle domestique du château du Poulmic se trouvait au bord de la mer, à 4 kms au Sud-Est du bourg, au Nord du Stang, elle mesurait 11 m sur 4m, sa hauteur était de 3m80 à son chevet il existait de hautes verrières.

Nous en attribuons l’origine, après lecture du manuscrit de Georges d’Hennebont relatant sa vie, à Anne de Goulaine * 

Le vocable de cette chapelle est dû à la fête de Saint Joseph instituée par Rome en 1621 et d’autre part au Père Joseph, l’Eminence Grise de Richelieu, était en relation avec l’Abbé de Landévennec, Pierre Tanguy aumônier d’Anne d’Autriche, familier du Poulmic.

 


Carte de Georges Boissard du Bocage en 1694


Le premier chapelain en fonction fut Yves le Gac, sieur de Quilfigan, théologien ordinaire de Landerneau. 

Il ne resta pas longtemps seul, peu après son arrivée il fut célébré deux messes par jour pour que les domestiques puissent y participer.

Parmi ses successeurs citons Pasquier Perfezou vicaire à Argol de 1642 à 1656, remplacé par Bernard Perfezou percepteur à Hirgars, puis Guillaume Le Bourvo de Troveoc en 1659, vicaire d’Argol, enfin Daniel Le Gall, vicaire d’Argol (1612-1676).

Le 17 août 1722 fut enterré à Crozon Hervé Derrien, né en 1658, aumônier au Poulmic, originaire de Kertanguy Pen, 61 ans, signent au registre Pierre et Laurent Lespagnol, prêtres et Sébastien Merault, curé.

On peut citer aussi le mariage dans cette chapelle le 13 février 1727 d’Etiennette Du Mans fille de Michel Bucolas Du Mans, Régisseur, qui habitait le manoir, avec Joseph de Tredern, Ecuyer, sieur de Tredern Lezerez Kergasson, célébré par Henry Canevet.


A la révolution cette chapelle fut spoliée, les statuts de Saint Joseph et de la vierge ont heureusement été récupérées, pour orner ensuite la chapelle Saint Anne, puis notre église actuelle où nous pouvons voir Saint Joseph. La Vierge, n’est sortie que pendant la procession du pardon, vu son état fragile.

Ses ruines sont mentionnées sur cette carte du cadastre Napoléonien en 1831.

On relève son souvenir dans les noms de plusieurs terres : Coat Chapel an Dalar, Ar Chapel, Ar c’hloc’h, Parc ar Pissin, Bardreux ar c’hloc’h.


La vie d'Anne de Goulaine*

Décrite par le frère Georges d’Hennebont, capucin de Morlaix

(archives du Calvaire actuel de Plounéventer, héritier des Calvaires de Morlaix et de Landerneau).

Anne de Goulaine née au Poulmic le 20 septembre 1599 est la troisième fille de Messire Jean de Goulaine baron du Faouët, seigneur de la Ruffelière, de Coëtangars et de Poulmic, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel né le 10 octobre 1565 - Le Saint (56) et Anne de Ploeuc Baronne du Poulmic sœur du Marquis du Tymeur née en 1570.

Après avoir guerroyé Jean de Goulaine Maréchal de camp du duc de Mercœur et s'être marié avec Anne de Ploeuc,  s’installe au château du Poulmic qu’il a rendu habitable (puisqu’entre 1590 et 1594 la presqu’île a été dévastée par des bandes armées). Ce couple y éleva une nombreuse famille, d’au moins dix enfants (plusieurs moururent en bas âge). Quatre filles entrèrent en religion chez les bénédictines du Calvaire (dont Anne de Goulaine).

L’ange gardien d'Anne de Goulaine, peinture sur toile de 1721

auteur anonyme, inspirée d’une gravure de Guillaume Chasteau d’après Pierre de Cortone.

 

Pendant son enfance, son ange lui apparait sous la forme d’un bel enfant et lui apprend des prières

A dix-huit ans, ses parents veulent la marier mais son refus lui vaut de mauvais traitements, surtout de la part de son père. A la mort de celui-ci en 1617, sa mère renonce à ses projets et la laisse à sa dévotion. Elle passe alors ses nuits en oraison, emploie le jour à visiter et soigner les malades du voisinage.

Elle fonde la chapelle Saint Joseph en 1620.

Une communauté de la congrégation du Calvaire s’étant établie à Morlaix, où sa sœur est sous-prieure, elle demande à y être reçue.

 

Le 4 août 1629, sa mère la conduit elle-même « Ma Mère, dit-elle à la Prieure, voilà mon trésor, que je vous donne, ou plutôt à Dieu par vous ». Le 4 novembre 1629, Anne de Goulaine reçoit l’habit et le nom de sœur Anne-Marie de Jésus Crucifié.

Pendant son noviciat, elle continue à avoir de fréquentes extases mais ces voies si extraordinaires lui engendrent plus de mortifications que de complaisances car on la fait passer par de rigoureuses épreuves pour vérifier si elles venaient du bon Esprit ! Le vendredi saint 1630, et ensuite chaque vendredi, compatissant aux douleurs du Christ, elle reçoit les stigmates de la Passion.

 Le 27 juin 1631, elle fait sa profession de foi, puis elle rejoint le Calvaire de Paris, le Père Joseph du Tremblay souhaitant vérifier par lui-même la validité des phénomènes qui entourent cette jeune mystique. 


Depuis 1638, le 15 août est devenu férié. Anne de Goulaine en est l'une des protagonistes

En 1636, le royaume de France est en guerre contre la maison d’Autriche-Espagne. Le roi fait vœu de placer et d’entretenir une lampe perpétuelle à l’autel de Notre-Dame de Paris le 19 mai 1636, selon le conseil de Richelieu. Le 6 juillet 1636, Richelieu offre une rente annuelle et perpétuelle de mille livres pour l’entretien d’une lampe devant l’autel de la Vierge et la célébration d’une Messe chaque samedi dans la chapelle des Calvairiennes du Marais. Cette même année, le 15 juillet, la Vierge apparaît à Anne de Goulaine et le 16 juillet le Seigneur lui demande : « Je veux aussi que Louis XIII fasse honorer ma mère en son royaume en la manière que je lui ferai connaitre. Je rendrai son royaume par l’intercession de ma mère la plus heureuse patrie qui soit sous le ciel. »

 Le message est transmis par l’entremise du Père Joseph (l’éminence grise du Cardinal de Richelieu). Le roi en fut informé par le supérieur et la reine sans doute par son aumônier qui était alors Pierre Tanguy, abbé de Landévennec.

 

Louis XIII s'engagea à consacrer son royaume à Notre-Dame (la Vierge Marie), si elle lui accordait la grâce d'avoir un héritier pour lui succéder sur le trône de France. La grossesse d'Anne d'Autriche en 1638 fut interprétée comme la réponse divine à ses prières et à celles de la reine.

Le 5 septembre 1638, le futur Louis XIV naquit. Intervenue après presque vingt-trois ans de mariage stérile ponctués de plusieurs fausses couches, la naissance inattendue de l'héritier du trône est considérée comme un don du ciel, ce qui lui vaut d'être aussi prénommé Louis-Dieudonné.


Anne de Goulaine ayant demandé au Seigneur de lui retirer ses manifestations extraordinaires, elle est affligée de nombreuses et cruelles maladies qu’elle supporte avec une patience héroïque. 

Finalement, elle rend sa belle âme au Seigneur le 4 septembre 1653, à l’âge de 53 ans au couvent des filles du calvaire.

 

(porte du couvent des filles du calvaire)


Le 15 août Fête nationale

Le roi tint sa promesse le 10 février 1638. Louis XIII signe au château de Saint-Germain les lettres patentes qui expriment la teneur de son vœu : la consécration de sa personne et du royaume de France à la Vierge.

Pour la remercier d'avoir arrêté les ennemis au Siège de Corbie (pendant la guerre de Trente ans en 1636) et lui donner un héritier, il consacre de manière solennelle la France à la Vierge Marie sous le titre de son Assomption par un acte auprès du Parlement de Paris. 

Il demande à ses sujets de faire tous les 15 août, jour où était déjà célébrée la fête de l'Assomption, une procession solennelle dans chaque paroisse.

Pourquoi le 15 août est-il férié ?

L’Ascension, l’Assomption, la Toussaint et Noël sont fériés en application de l’arrêté du 29 germinal de l’an X (19 avril 1802) découlant du Concordat et l’article 42 de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. La loi du 8 mars 1886 ajoute le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte.

Le 15 août, fête nationale depuis 1638 par Louis XIII a été supprimée pendant la révolution et rétablie par Napoléon Bonaparte. L 'Empereur, dont la date de naissance est incertaine, a eu soin de la fixer arbitrairement au 15 août (1769) afin de mieux de se rattacher à la tradition nationale ! mais elle redevient l’Assomption à la Restauration. En 1880, le 14 juillet devient fête nationale.